samedi 26 novembre 2011

La fée des bleuets


Annie, petite Annie, tu as été la fée de mon enfance. Avec tes cheveux blonds comme les blés, tu illuminais la rue prosaïque où nous vivions. Lorsque nous le pouvions, nous nous échappions vers les champs ou l’étang du village. Nous étions les reines du monde et nous ne voulions pas que l’on trouble nos rêves. Nous le savions, un jour, nous partirions bien loin de la communauté conservatrice dans laquelle nous vivions. La perversité était de mise et nos mères ne cessaient de nous mettre en garde contre la méchanceté du monde, à tel point qu’en notre adolescence nous avons ressenti les effets du désespoir que l’on nous avait instillé, goutte à goutte.
Oui, le monde était cruel mais je préférais me plonger dans les contes de fée.
Beaucoup de fées Carabosse dans notre entourage, mais aussi des fées et toi, Annie, tu en étais une, j’en étais absolument sûre, moi, la petite marguerite des champs. Il me suffisait de te regarder, dans les champs de blé, tresser des bleuets et des épis, souffler sur les fragiles coquelicots pour en être certaine.
Annie, tu étais la fée des bleuets et ce titre, tu l’emporteras où que tu ailles, fût-ce au bout du monde !

2 commentaires:

  1. Ce petit conte me touche beaucoup et tu ne peux savoir a quel point !
    Lorsque nous étions enfants et courrions dans les champs et les jardins, sur les petits chemins menant à "la mer de flines", tu étais ma grande soeur, ma respiration, car le lourd fardeau que constituait ma soeur je ne pouvais le porter toute seule. Lorsque nous révions d'un autre ailleurs, de fées et de sorcières, de prince lointain et charmant, d'un monde où il n'y aurait que des princesses dont nous ferions partie, alors je me sentais si légère comme délivrée de la méchanceté de certaines personnes mal intentionnées et qui rodaient autour de nous.
    Ma chère Marguerite Marie, toute jeune que nous étions je t'ai toujours considérée comme une grande soeur, pleine de poésie, mais aussi de sagesse,de douceur, et je t'ai aimée pour ça et je t'aime toujours aujourd'hui, tu fais partie de moi, tu fais partie de ma vie.
    Continue d'écrire, ces contes si merveilleux, et légers tels des papillons se posant de fleurs en fleurs, et laissant sur mon âme des souvenirs intacts.

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  2. Je suis très touchée à la relecture de ton si beau commentaire : oui, le monde était cruel , oui nous avions un fardeau à porter sur nos fragiles épaules mais nous nous étions trouvées et nous savions que nous pouvions compter l'une sur l'autre pour faire glisser de nos épaules blessées le joug de la vie ! Les contes ont été notre exutoire et même si nous doutions de la réalité de ces princes et princesses, nous "faisions comme si" comme disent les enfants et l'espace d'un instant, nous étions heureuses !

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