mercredi 11 janvier 2012

Beauté

Où sont les belles de jadis avec leurs robes d'organdi et leurs ombrelles ? Parties avec la brise ? Elles se sont évanouies dans les nuages en nous laissant le parfum de la mélancolie. Mais pour remplacer ces beautés désuètes, des jeunes filles bottées et cuirassées sont apparues dans le paysage urbain, s'épanouissant comme ces fleurs d'acier qui jaillissent des forges. Elles ont enfourché des motos, pulvérisant la représentation de la Belle Époque, corsetée, enrubannée, entravée dans des jupes moulantes obligeant à faire de petits pas précieux, comme les Geishas. Libérées et féminines jusqu'au bout de leurs ongles peints, ces sirènes modernes dissimulent leur chevelure fuchsia, brun, sépia ou noir ardent dans des casques nacrés et fluo et hurlent dans le vent comme les mythiques Beatles. Qu'en sera-t-il dans cinquante ans ? Nos jeunes filles apparaîtront peut-être comme des beautés éphémères appartenant à un passé révolu et charmant ... à moins que l'on ne revienne aux pratiques d'antan, jeunes filles aux coiffures pyramidales, chapeautées et dissimulées par des flots de dentelle tout en gardant l'indémodable jean et les cuissardes, mix des plus charmants, pour rappeler l'heureux temps où l'on creusait des mines aux riches filons pour en extraire l'or qui ruissela sur le monde, apportant dans son flux la modernité et hélas ! le désir inhumain de réduire ses contemporains à une forme voisine de l'esclavage antique, coups de fouets en moins mais désespérance identique. Les dessous de la mode sont révélateurs : brodeurs, petites mains, couturières, modistes et tout ce personnel qui fait vivre la création et les grandes maisons dont on ne retient qu'un nom ne sont pas rétribués à l'aune de leur travail. Alors belles de jadis, belles d'aujourd'hui, belles de demain, un trait d'unité vous relie, l'adresse, le talent et les heures égrenées sans pitié du monde ouvrier !

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