lundi 5 mars 2012

Les belles de jadis



Les belles de jadis avec des voilettes de tulle se balançaient au son d’airs charmants d’opérette dans le jardin ensoleillé par des poiriers, des pruniers et des figuiers aux effluves de miel. Les ruchers du verger s’étagent près du mur où courent le chèvrefeuille, la clématite et les glycines.
Toutes ces fleurs en grappes, ces fruits goûtés nature ou en compotes et aussi en confitures ajoutés aux bons œufs du poulailler servent aussi à la préparation de repas gourmands, foie gras aux figues ou aux pommes, lapin en gibelotte, beignets d’acacia, tourtes de légumes et tourtières à la crème et aux fruits. Et pendant ce temps, les belles lisent sur leur balançoire, chantent des airs d’opérette et font voler leurs jupons de percale brodée.
Survient un beau jeune homme, une belle lui tombe dans les bras comme un beau fruit mûr et c’est un rêve de voir ce couple danser, s’aimer et s’unir sous les arceaux de la roseraie.
Les belles de jadis croquaient les pommes à belles dents, jouaient avec le vent, créant des bulles roses où elles couraient jusqu’à en perdre le souffle, heureuses d’exister, de connaître l’amour et d’orner leurs oreilles de pendants de cerises comme les petites filles.
Les belles de jadis empoignaient ensuite le travail comme elles l’avaient fait avec les jeux, en toute innocence.
Et les jours passaient. Elles se mariaient, mettaient des enfants au monde et tout recommençait comme autrefois. Les petites filles, devenues grandes, prenaient place sur la balançoire, chantaient, lisaient et rêvaient puis une fois le rêve de l’adolescence achevé dans un tourbillon de romances, rencontraient le jeune homme qui leur était destiné et tout recommençait comme un refrain d’opérette.
Mais un jour, l’opérette et ses airs merveilleux ont disparu, mettant un terme à ce bel agencement que je suis la seule, sans doute, à célébrer, dans une grande envolée de Violettes Impériales.

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