mardi 12 juin 2012

Conte



Il était une fois un petit homme aux yeux de lin, au sourire d’archange.
Sa parole coulait, argentée, comme les ruisseaux de nos campagnes.
Les loups accouraient pour lui servir d’escorte.
Les malheureux reprenaient courage après lui avoir parlé.
C’est alors que, sous des prétextes fallacieux, l’autorité dont il dépendait lui interdit de poursuivre sa route.
Le petit homme, triste, accueillit la sentence mais sa silhouette d’homme roseau se plia pour devenir aussi robuste qu’un chêne.
C’est que les loups et les mendiants se tenant tous en un cercle lui avaient fait don de leur énergie.
Le petit homme aux yeux de lin reprit alors sa route pour rejoindre sur les bords d’un lac légendaire un homme jeune, de haute taille, au regard lumineux.
Ses mains portaient encore les stigmates de souffrances occasionnées par des pharisiens du même acabit.
Les deux hommes se regardèrent avec émotion puis l’un des deux disparut dans un nimbe d’or.
Le petit homme se pencha et but avec ferveur l’eau du lac enchanté : en guise de reflet, un cerf blessé ondoyant le déchargea de sa douleur.
Le petit homme reprit la route des villes, aidé par un vieux prêtre à la barbe blanche et à la parole authentique.
Tous deux marchèrent courageusement, l’un courbé, l’autre droit.
Sur leurs silhouettes fragiles, la main de Dieu pesait à peine, aussi légère que le vol de l’oiseau.

2 commentaires:

  1. très beau
    j'aime beaucoup la dernière phrase: Sur leurs silhouettes fragiles, la main de Dieu pesait à peine, aussi légère que le vol de l’oiseau.
    ça sonne très bien,... c'est vraiement super

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  2. Merci pour ce commentaire rafraîchissant comme les rivières qui descendent des collines !

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