mercredi 4 juillet 2012

Une excentrique mariée


 Alors que les cloches sonnaient à toute volée et que le futur marié, en costume breton, souriait à l’aube de cette vie qu’il souhaitait magnifique avec de jolis enfants, la mariée se faisait attendre. On la savait coquette et personne n’éprouvait la moindre angoisse jusqu’au moment où une fée aux ailes de papillon déposa sur les marches de l’église un panier de fraises. Il y avait un petit mot ainsi libellé : « Ne m’attendez plus, je suis partie dans le royaume des fraises où l’on me propose un destin de fée. Consolez-vous, j’aurais été une piètre épouse. Erwan, mon aimé, je te demande pardon mais une fois passées la tristesse et la colère, tu seras convoité par meilleure que moi. Or donc, adieu les amis, je vous ferai livrer à la saison les gariguettes de Plougastel et vous penserez à moi en vous régalant. »
La stupeur figea l’assistance mais une voix fraîche avertit que le soleil frappait les fraises et qu’elles risquaient de se gâter. Le marié déconfit passa dans les rangs, distribuant fraises et dragées que les parrains et marraines avaient apportées. On s’aperçut que le panier était inépuisable. Dès que le fond apparaissait, des fraises fraîches et parfumées le remplissaient à nouveau.
La noce se dirigea gaiement vers la table du festin prévu et de jolies jeunes filles se mirent sur les rangs pour remplacer à plus ou moins brève échéance l’excentrique mariée.
Ce fut finalement une bien belle journée et dans l’univers consacré à la féerie, une fée tout de rose vêtue, se pencha pour déposer sur le front de son amant perdu un baiser rouge et ardent.

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