vendredi 21 septembre 2012

L'arbre d'or









Le chevalier aux cent visages
                            Connaissez-vous le châtaignier d'or ? Ses feuilles immortelles, orpaillées dans nos rivières tremblent au vent. Un cliquetis de métal avertit les amoureux de Brocéliande que la forêt ne périra jamais. Voyez ce forgeron (éclairage) ! : il fabrique un revêtement de métal pour nos arbres. Dressés comme des chevaliers dans la lande, ils repousseront leur ennemi, le feu. Oh là ! forgeron ! As-tu terminé la cotte de maille qui protègera notre vieux hêtre du grand incendie qui couve sous les fougères ?
                            ...
                            Pourquoi ne réponds-tu pas ?

Morgane fait son entrée en scène (elle vient de la salle, robe rouge, souliers d'argent, des ballerines).

Morgane              Ne vois-tu pas qu'il est emmuré dans son rêve ? Toi qui parles sans discontinuer, as-tu perdu l'habitude de songer ?


Le chevalier        Morgane la fée, tu veux une fois de plus jouer les Circé? Mais tu as affaire à forte partie en ce qui me concerne : Dans les jeux de rôle, j'ai interprété tous les grands chevaliers.
                            Par exemple, Gauvain (il porte un masque)
                            - A la recherche du Graal, j'erre de forêt en lande et de château détruit en terre de bruyère. Je me suis abreuvé dans mille étangs et mes cheveux sont blancs. Hier, le vieux hêtre m'a parlé. La fin de la quête est proche.

                            ou mon rôle préféré, celui du chevalier sans nom (masque).

                            - Je ne suis qu'un rêve revêtu de métal. Ce sont de tout jeunes gens, épris de Brocéliande, qui ont forgé mon armure.
                            Ils ont juré de reconstruire le château de Ponthus en fer ouvragé.
                            Dans toutes les légendes passe un chevalier inconnu à l'armure vermeille, noire, ou blanche.
                            Je suis ce chevalier sans nom.
                            Parfois aussi, je m'incarne en un bouleau, l'arbre magique par excellence.


Morgane              - Myrddhin, n'es-tu pas Myrddhin, pour mon plus grand malheur ?


Le chevalier        - Je puis l'être, si je le souhaite, mais ce n'est pas mon meilleur rôle.


Morgane              - Tu parles comme au théâtre.


Le chevalier        - Mais nous sommes au théâtre ; voici les spectateurs attentifs à la pièce que nous jouons.
Morgane              - Je ne vois que rochers, bruyères et genêts.
                            J'aperçois cependant dans un lointain bleuté Lancelot et Guenièvre qui s'avancent enlacés.
                            Cachons-nous, chevalier aux cent visages, derrière la forge.
                            Peut-être, pourrons-nous les surprendre en flagrant délit d'adultère et fournirons nous la preuve de la déchéance de Guenièvre à mon bien aimé Arthur, mon frère et mon roi.


Le chevalier        Ta perfidie ne s'est pas émoussée. Qu'il en soit donc ainsi, belle Morgane !

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