lundi 19 novembre 2012

La chanson de la pluie




Les oiseaux l’ont annoncée et se sont réfugiés dans les roselières et les bambous, orchestrée par des tambours célestes, la pluie, et elle est arrivée dans sa robe de perles, réjouissant le cœur des paysans et des viticulteurs ainsi que celui des amants d’un jour, sous la protection d’un parapluie décoré par les amoureux de la Saint Valentin.
Vont-ils rester ensemble toute leur vie ou se séparer sur un dernier baiser, le ciel redevenant azuré ? Voilà la question que se posent les ouvrières, revenant chez elles, le cœur battant, vivant par procuration l’amour qui ne semble pas leur être destiné tant il est vrai que le proverbe « les belles plumes font les beaux oiseaux » semble toujours être d’actualité.
Ma tante Marie, aujourd’hui plus que centenaire, était très jolie mais elle se réfugiait, au retour de l’usine qui fabriquait les dentelles pour les dames riches, dans des ouvrages et des journaux de seconde catégorie écrits pour faire rêver les laissées pour compte. Non, l’amour n’était pas pour elle mais elle se complaisait à croire, l’espace d’une lecture réconfortante, qu’une jeune servante pouvait être aimée par un beau châtelain riche.
Elle savait bien, ma tante, que tout cela, n’existait que dans les livres et avec ses amies ouvrières, d’un pas léger, elle chantait la romance dont une phrase se détachait : « non, la vie n’est pas toujours rose » et acceptait la pluie comme une amie sincère.
La pluie, cette mal aimée des riches, était pourtant nécessaire à la floraison de la terre, de même que sans le travail des ouvrières, les belles dames n’auraient pas eu ces toilettes d’un soir, luxueuses et d’une beauté à couper le souffle.
« Je reviendrai » chante la pluie, dans une robe gris perle ornée des pétales de roses des jardins et nous valserons sur un air des Amants de Saint Jean.

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