Sur la nef du temps, arborant sa tunique
ornée de la croix de Malte, le grand Maître médite sur l’errance des mondes qui
s’entrechoquent sur le damier de la mer. Les dauphins bondissent, attentifs à
la poésie depuis Arion. Ils guettent les paroles du grand Maître qui cependant
se tait.
Aux abords d’une île inconnue des
pirates, il débarque et marche sur le rivage. Il se nourrit de fruits et de l’arbre
à pain et boit l’eau d’une source qui coule dans une oasis parfumée où poussent
des orangers. Il se repose dans une grotte naturelle, y trouve quelques
parchemins oubliés par un voyageur et y note à l’encre de seiche en se servant
d’une plume les poèmes épars qui coulent de ses rêves au rythme des vagues.
Il se sent si bien dans cette île du
bout du monde qu’il en oublie le but de son voyage, redonner au monde la
fermeté d’une pensée, et se laisse envahir par les sensations.
Une sirène le pare d’un collier de
fleurs et de coquillages et lui chante des odes à l’amour si belles que ses
écrits lui apparaissent à présent vains et dénués de la véritable poésie, celle
qui emporte l’âme et la projette en des paradis inconnus.
Moi qui
attendais le retour du grand Maître, je m’incline en voyant l’ombre d’une nef
et celle de la croix de Malte se découper sur le ciel de lit de mes rêves, me
laissant le rôle de l’unique dépositaire d’une pensée, celle de l’Amour Courtois
en une harmonie des mondes de l’Orient et de l’Occident, sous le signe du
soleil.
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