samedi 30 mars 2013

L'ange et l'enfant





Dans un bouquet de roses un ange sommeillait. Un éclat de lune lui offrit le mouvement et il s’envola vers les cités sombres où s’enlisaient des enfants désemparés tandis que des mères abandonnées par un mari collectionneur de beautés œuvraient sans relâche dans des emplois précaires.
L’ange donna çà et là un peu de sa lumière et chacun repartit d’un pas un peu plus sûr vers un azur imaginaire qui semblait réservé à ceux qui avaient eu un berceau doré.
Sur son parcours, l’ange trouva un nouveau-né abandonné dans une jardinière de fleurs. Saisissant l’anneau de l’ange comme un hochet, le petit être le fit glisser sur sa joue et il en fut transfiguré.
Une jeune femme qui passait par là en tenue de bal fut éblouie par la beauté de l’enfant qu’elle prit spontanément dans ses bras. L’ange lui donna sa bénédiction et la belle en mal d’enfant partit en emmenant son trésor à qui elle donna le nom de Moïse.
Heureux d’avoir sauvé deux êtres, le bébé et la malheureuse qui l’avait abandonné pour cause de pauvreté, l’ange repartit dans son univers, rêvant de constituer une cohorte d’anges sauveurs chargés de rétablir l’ordre humain dans les cités sombres pour qu’elles accèdent enfin à la lumière. Puis il ferma les yeux et de ses paupières gonflées par le parfum des roses, se distilla une fragrance mauve qui rejaillit sur le monde, lui rendant sa beauté originelle, celle de la mer, des rivières et des lacs. La nature explosa, libérant des lianes de fruits et de fleurs et la beauté de l’ange pulvérisa les barques sombres des humeurs citadines croulant sous les tavernes, zébrant cet univers de fulgurances turquoise et or.
Et c’est alors que, grandissant à la manière d’un hercule, le petit Moïse, devenu philosophe, partit à son tour pour rechercher celui qui lui avait sauvé la vie, l’ange des origines sous la splendeur lunaire d’astres en éveil.

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