dimanche 9 juin 2013

Chassé-croisé





Un soir de clair de lune, j’ai écrit une lettre à mon ami Pierrot mais il n’a pas pris la peine de la lire car il était occupé à conter fleurette à une belle au corselet orné de roses safranées.
Alors je me suis consolée en tressant une magnifique couronne de fleurs tropicales, feuillages et fruits sauvages où éclataient lys blancs, orchidées et flore polynésienne. Ainsi coiffée, je suis allée par les chemins du rêve où sifflaient les oiseaux de paradis.
Au détour du chemin, j’ai aperçu Pierrot qui pleurait son amour déçu sur un banc mais je ne lui ai pas accordé le moindre regard. Bien m’en a pris car un alizé m’a offert le prince de mes lectures enfantines, enturbanné, chaussé de cuir souple, au corps révélé par une ligne de grand couturier, au visage de séraphin.
Craignant néanmoins une déception future, je l’ai gratifié d’un sourire puis j’ai imploré la fée de ma destinée de m’envelopper dans un nuage nacré pour me soustraire à sa vue.
Et c’est ainsi que je suis partie définitivement dans un grand voilier blanc pour un ailleurs turquoise et émeraude au sable fin poudré des étoiles d’or des sirènes.

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