jeudi 3 octobre 2013

Pluie de soie





Il était une fois un jeune homme dont les cils étaient si longs que lorsqu’il fermait les yeux, une double porte de soie tombait sur ses joues.
Il finit par s’isoler tant il y avait de curieux pour venir le voir. Certains mêmes s’enhardissaient jusqu’à vouloir toucher les précieux ornements.
Il se retira dans une forêt et habita une chaumière isolée, se nourrissant de la pêche quotidienne dans une rivière proche. Un jour, alors qu’il se reposait sur une roche inondée de soleil, un peintre passa et profita de la rêverie du jeune homme pour faire son portrait. Il s’éclipsa et porta la précieuse aquarelle au château où une jeune princesse se mourait de n’être pas aimée.
 Le portrait l’enflamma et elle décréta qu’elle épouserait ce jeune homme si son père y consentait et l’élevait au rang de prince. Le roi, content que sa fille quitte cette langueur mortelle, accéda à ses désirs et c’est ainsi que sur les indications du peintre, une délégation princière surgit dans la clairière où le jeune homme vivait en ermite. Il fut emmené avec beaucoup d’égards et présenté à la princesse, près de la margelle d’un puits en un jardin d’amour. Des servantes s’affairèrent pour offrir au couple ce que les cuisines royales contenaient de meilleur, une pastilla de pigeons et d’amandes, un assortiment de légumes savamment préparés et crèmes diverses en guise de dessert. Des carafes d’eau pétillante à la rose étaient à leur disposition.
Les amants mangèrent peu, goûtant à tout pour faire honneur aux cuisiniers, se régalèrent d’eau parfumée et tombèrent enfin dans les bras l’un de l’autre. Seule la tombée de la nuit les sépara.
Le lendemain, une pluie de soie tomba sur le royaume et chacun se mit à collecter cette précieuse manne pour en faire des tissus prestigieux.
Ce fut le signe indéniable que le prince Azur, ainsi fut-il nommé par le roi, était une bénédiction pour le royaume. Le mariage fut célébré avec magnificence et bientôt princes et princesses se bousculèrent dans le jardin d’amour en riant aux éclats mais aucun enfant n’arbora le signe prestigieux du prince Azur dont la porte de soie fut réservée à son épouse !

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