mercredi 13 novembre 2013

Le Prince Logan





Juché sur Grand Soleil, son étalon couleur de feu, le Prince Logan, arc et carquois en bandoulière, part à la conquête de son destin.
Il cherche un adversaire à sa mesure car tous les hommes qui l’ont défié au combat ont dû s’incliner avec plus ou moins de bonheur, certains se trouvant même aux portes de la mort après     avoir tenté un geste que seuls, les chevaliers félons s’autorisent.
Parvenu aux confins du royaume, il vit la ligne d’horizon se briser pour laisser apparaître une fabuleuse jeune femme, une amazone, au regard foudroyant. Craignant de devoir se mesurer à une telle beauté, au risque de la blesser, le prince voulut se détourner de son chemin, dérogeant ainsi à la ligne qu’il s’était fixée, ne jamais reculer. C’est alors que sa monture le désarçonna et galopa vers la mer dont on voyait les vagues mourir sur une plage abritée par les vents.
Le prince prit résolument à l’est, ignorant les appels de la belle cavalière.
Son courage fut récompensé car il aperçut au loin les marches d’un palais de marbre.
Il s’y dirigea, monta les marches et héla le propriétaire des lieux pour lui demander l’hospitalité.
N’entendant pas de réponse, il progressa dans la découverte du palais, admirant la profondeur et la splendeur des lieux.
Une table était pourtant dressée, n’attendant qu’un hôte pour déguster un ensemble de plats savoureux à base de légumes, de fruits, de fleurs et de semoule.
Après s’être lavé les mains à une fontaine de faïence bleue, le prince honora quelques plats, but des préparations fruitées et acidulées puis se mit en devoir de trouver une chambre pour y passer la nuit.
Il n’eut que l’embarras du choix. Écartant des suites luxueuses et drapées de velours ou de soieries, il eut un coup de cœur pour une chambre lumineuse possédant un balcon qui donnait sur les jardins. Après une excellente nuit, des ablutions dans un bain bouillonnant et parfumé, il revêtit un costume d’apparat à sa taille qui garnissait un valet de nuit et se chaussa de mocassins confortables.
Un petit déjeuner où abondaient brioches, pains chauds, fruits, boissons choisies l’attendait dans la pièce principale.
Il y fit honneur puis partit se promener dans les jardins.
Les bosquets offraient à l’œil un ensemble verdoyant où des volières spacieuses donnaient une parenthèse colorée et musicale grâce à une multitude d’oiseaux. Des fontaines jaillissaient de bassins où l’on apercevait des carpes.
Tout à la découverte de ces fabuleux jardins, il ne vit pas s’approcher la belle amazone aperçue la veille et soudain il se trouva confronté à sa splendide apparition. Elle émergeait d’une arche de roses aux parfums enivrants. Olympe, ainsi se nommait la belle créature, lui prit la main et conduisit le prince jusqu’à une tonnelle qui était le point d’orgue d’un jardin d’amour créé par une reine, précisa-t-elle.
Il s’agit de mon ancêtre, Diamant la bien nommée et je suis dépositaire de toutes ses richesses ajouta-t-elle, précisant que le bien le plus précieux de la reine consistait en une devise : « Je ne plie le genou que pour l’amour ».
Voilà une excellente devise dit le prince, quelque peu intimidé.
Olympe l’accompagna jusqu’au palais et à son arrivée, les serviteurs accoururent pour recevoir ses ordres.
Toute la journée passa comme un rêve et les deux amants se donnèrent rendez-vous pour le lendemain à la tombée la nuit.
Le lendemain, Logan s’éveilla de charmante humeur mais ô stupeur, chambre, palais et jardins avaient disparu et il était à nouveau à cheval. Il caressa la crinière de Grand Soleil et s’en retourna dans son royaume.
À dater de ce jour, il envoya des émissaires à la recherche du palais mythique, fit des reconnaissantes de son côté, criant le nom d’Olympe au bord de la mer mais seuls les oiseaux lui répondirent.
Se résignant à vivre en solitaire, il donna, pour la forme, un bal costumé afin de contenter les nobles de son royaume, chagrinés de vivre dans une ambiance mélancolique.
Les violons attaquèrent « Les yeux noirs » et c’est à cet instant que la belle disparue fit une entrée spectaculaire, vêtue d’une fabuleuse robe de plumes et de soie. Logan l’enlaça fougueusement et ils exécutèrent une valse radieuse.
Il ne serait plus jamais triste puisqu’elle était revenue, sa belle amazone, sa reine de la nuit et des jours solaires.
Lors de la dernière figure, Olympe claqua des mains : une pluie de rubis et de diamants couvrit la salle de bal, ce qui favorisa le retrait des amants qui se jurèrent un amour éternel.

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