vendredi 2 mai 2014

La source féerique




Au fin fond des forêts, dans une maison de verre et de bois où chantaient les rossignols, un vieil homme méditait, feuilletant le livre de sa vie.
Jadis il avait chevauché aux quatre coins du monde, aidant la veuve et l’orphelin et s’arrêtant pour redonner à son corps la vigueur nécessaire. À l’occasion de ces haltes salutaires, il se plongeait dans les romans de chevalerie qui avaient ravi son enfance, n’hésitant pas à lire le contrepoint de Cervantès, génial créateur de Don Quichotte, cet original qui croyait voir des géants en place de moulins à vent !
À présent, il attendait sagement la venue d’hôtes, comme dans les romans.
Comme ils tardaient à venir, il prit son bâton sculpté de naïades et partit à leur rencontre.
Il ne vit que biches, lièvres et sangliers. Mais en arrivant auprès d’un cours d’eau, une beauté l’interpella d’une voix qui l’inonda d’amour en dépit de son âge.
La belle réclamait son aide pour qu’il passe un onguent sur son corps magistral, séché dans un lit de pétales de roses.
Notre sage fit appel aux règles de la courtoisie et accéda à toutes les demandes de la belle qui s’endormit au creux de ses reins.
Le lendemain, il s’aperçut avec surprise qu’il reposait dans un berceau de serpents.
Il sortit une flûte qui ne le quittait jamais et réussit à les charmer suffisamment pour qu’il puisse les jeter en une besace où il conservait du pain pour les oiseaux. Délesté de cette charge, il reprit le chemin du retour, le cœur léger et bien lui en prit car lorsqu’il ouvrit la porte, elle était là, la belle des belles ! Elle avait allumé un bon feu, préparé une jolie table et un fumet délicat s’exhalait de la marmite placée sur un trépied de fer forgé au sein de l’âtre.
Le sage sut alors qu’il avait trouvé le bonheur pour toujours !

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