dimanche 27 juillet 2014

La Reine Océane






Il était une fois une reine,  dans un royaume du bord de mer, qui se rendait chaque jour sur les rochers, près de l’océan. On l’appela la reine Océane car elle n’avait pas de nom.
Une femme l’avait recueillie un soir de tempête après que son bateau eut démâté et se soit brisé sur les récifs. Elle portait une robe de princesse, avait un diadème en argent dans les cheveux et avait les doigts si fins que l’on pouvait en déduire qu’elle vivait dans l’oisiveté.
On attendit qu’elle soit prête à parler mais rien ne vint.
Dans la grande salle du château, il y avait un piano et cette vue sembla la ravir. Elle s’installa sur le tabouret et joua valses, nocturnes et menuets charmants.
Elle demanda que des étoffes claires revêtent les murs sombres du château, fit venir de jolis meubles blancs décorés d’oiseaux du royaume voisin et proposa que l’on donne un grand bal afin de faire connaissance avec les jeunes gens des environs.
Ainsi fut fait. La reine Océane demande que l’on fabrique des carnets de bal pour en munir chaque danseuse invitée. Le maître des lieux était âgé et veuf. C’est pourquoi il trouva agréables tous ces préparatifs qui lui rappelaient sa jeunesse.
Lorsque tout fut prêt, on lança des invitations et l’on attendit.
Aux cuisines on s’était affairé : un buffet géant et gourmand était organisé. Les invités furent enchantés par ce coup de jeune donné au château et aux plaisirs annoncés. La reine prit place au piano et il se trouva de jeunes gens éduqués pour tourner les pages des partitions.
Une composition de Darius Cittanova emporta un vif succès puis vinrent les valses.
Le seigneur des lieux dépêcha le professeur de piano de son épouse décédée et lui enjoignit de libérer la reine pour qu’elle puisse à son tour, bénéficier  de la compagnie des beaux jeunes gens qui se pressaient galamment sur le parquet de la salle de bal.
Océane obtint un vif succès mais elle ne distingua aucun de ses cavaliers. Ensuite tout le monde se pressa au buffet et tous y firent honneur.
Lorsque chacun se fut retiré, il resta un étrange personnage. Il portait un masque et n’avait participé à aucune réjouissance.
Le seigneur des lieux vint lui signifier son congé en lui faisant remarquer que l’heure était tardive mais ce personnage inquiétant ôta son masque pour révéler à tous son identité : il s’agissait de la mort.
Prends-moi, dit le seigneur, j’ai l’âge d’affronter le royaume des morts mais le valet de l’Ankou, ainsi le nomme-t-on en Bretagne, fit un geste vers la reine Océane.
Tu n’en feras rien, dit alors un jeune homme, le plus beau car tu devras m’affronter.
Il était resté, dissimulé derrière une tenture pour avoir un tête à tête avec sa reine.
Le valet tourna les talons en faisant cliqueter sa faulx.
Alors la reine Océane sut alors qu’il ne serait plus nécessaire, pour elle, de chercher son passé dans les vagues puisqu’elles lui avaient apporté un grand amour, un homme capable de défier la mort pour elle.

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