Le jour de mes vingt ans, j’entrai en
folie comme on entre au couvent et c’est alors que je fus escortée par une nuée
d’oiseaux qui me servirent de traîne : de novice j’étais devenue reine.
À
l’orée d’un bois, un oiseau bleu laissa tomber une rose d’or. Je la ramassai avec
délicatesse et m’en servis comme d’une lampe d’Aladin.
Bien m’en prit car une grotte s’ouvrit à
moi. Un prince m’y attendait et il me dit ces mots :
« Pour toi, je suis allé au bout du
monde pour te rapporter des perles rares et des fleurs oubliées. Pour toi, j’ai
plongé dans les mers tropicales pour t’offrir du corail afin que tu en fasses
des colliers. Pour toi, j’ai cherché l’or des rivières et j’ai tamisé le sable
pour faire surgir des pépites ».
Puis il m’invita à prendre place à ses
côtés.
Après une collation de confits de roses,
de sablés et de thé vert servi dans des verres d’or filé, je m’endormis, la
rose d’or étoilée dans mes cheveux.
Un poète raconta cette romance en
utilisant ces mots :
« La nuit enveloppe de soie bleutée
les amants enlacés. Lorsqu’ils s’éveillent dans un galop de chevaux fous, ils
découvrent sur leur peau nacrée et dorée, des éclats de diamants. Heureux de
vivre une belle aventure, ils commandent les roses du bonheur, certains d’en
humer le parfum jusqu’à ce que la mort les sépare ! Et pour oublier cette
douleur d’aimer, ils se laissent aller à de petits jeux comme en connaissent
tous les amants du monde, faits de tours et de gages. Ils s’offrent des petits
déjeuners princiers et jouent à la dinette comme au temps de leur enfance mais
bientôt la passion les emporte à nouveau et ils se laissent dériver sur les
grèves à la faveur du vent » !
Quant à moi, délivrée du sortilège de la
rose d’or, je revins à l’amour tangible du quotidien et écrivis ces mots
passionnés d’une femme qui vit au jour le jour la réalité des amants : « Les
mains de mon aimé, caressantes et sincères parcourent mon corps en lui laissant
des éclats de roses car mon bien aimé est jardinier dans les champs du
Seigneur. Stoïque, je subis ces effleurements et j’y trouve le chemin jonché
des fleurs féeriques de mes pensées vagabondes qui cherchent la source
éternelle du printemps des poètes ».
Chantez, eaux vives des
torrents, roulez sur les galets les parchemins de quartz des amours oubliées et
aidez les poètes pour les aider à renaître des sables roses.
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