lundi 16 mars 2015

La rose d'or





Le jour de mes vingt ans, j’entrai en folie comme on entre au couvent et c’est alors que je fus escortée par une nuée d’oiseaux qui me servirent de traîne : de novice j’étais devenue reine.
À l’orée d’un bois, un oiseau bleu laissa tomber une rose d’or. Je la ramassai avec délicatesse et m’en servis comme d’une lampe d’Aladin.
Bien m’en prit car une grotte s’ouvrit à moi. Un prince m’y attendait et il me dit ces mots :
« Pour toi, je suis allé au bout du monde pour te rapporter des perles rares et des fleurs oubliées. Pour toi, j’ai plongé dans les mers tropicales pour t’offrir du corail afin que tu en fasses des colliers. Pour toi, j’ai cherché l’or des rivières et j’ai tamisé le sable pour faire surgir des pépites ».
Puis il m’invita à prendre place à ses côtés.
Après une collation de confits de roses, de sablés et de thé vert servi dans des verres d’or filé, je m’endormis, la rose d’or étoilée dans mes cheveux.
Un poète raconta cette romance en utilisant ces mots :
« La nuit enveloppe de soie bleutée les amants enlacés. Lorsqu’ils s’éveillent dans un galop de chevaux fous, ils découvrent sur leur peau nacrée et dorée, des éclats de diamants. Heureux de vivre une belle aventure, ils commandent les roses du bonheur, certains d’en humer le parfum jusqu’à ce que la mort les sépare ! Et pour oublier cette douleur d’aimer, ils se laissent aller à de petits jeux comme en connaissent tous les amants du monde, faits de tours et de gages. Ils s’offrent des petits déjeuners princiers et jouent à la dinette comme au temps de leur enfance mais bientôt la passion les emporte à nouveau et ils se laissent dériver sur les grèves à la faveur du vent » !
Quant à moi, délivrée du sortilège de la rose d’or, je revins à l’amour tangible du quotidien et écrivis ces mots passionnés d’une femme qui vit au jour le jour la réalité des amants : « Les mains de mon aimé, caressantes et sincères parcourent mon corps en lui laissant des éclats de roses car mon bien aimé est jardinier dans les champs du Seigneur. Stoïque, je subis ces effleurements et j’y trouve le chemin jonché des fleurs féeriques de mes pensées vagabondes qui cherchent la source éternelle du printemps des poètes ».
Chantez, eaux vives des torrents, roulez sur les galets les parchemins de quartz des amours oubliées et aidez les poètes pour les aider à renaître des sables roses.

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