dimanche 19 avril 2015

La nuit des rossignols



Une nuit, tous les rossignols se mirent à chanter et leurs merveilleux trilles allèrent si loin qu’une jeune fille prénommée Cerise les entendit.
Elle vivait en recluse dans un somptueux pavillon où abondaient des objets précieux. Il y avait des paravents, des éventails, des tables en bois précieux, des tapis d’Orient, des fauteuils capitonnés de velours, des sofas, un lit à baldaquin et surtout une gigantesque cuisine où s’affairaient des brigades talentueuses formées par la mère des compagnons du Val des Cygnes. Cerise avait appris l’histoire de son destin de cette femme admirable dont les lèvres semblaient faites pour goûter les produits cuisinés. On avait trouvé Cerise dans un berceau d’églantines. Le bébé était somptueusement vêtu et était protégé par un flot de dentelles et de soieries, bien calé dans un berceau d’osier entrelacé de roses.
Un simple mot : je me nomme Cerise. On avait apporté ce trésor à la propriétaire du pavillon, une femme mi- ange, mi- fée et cette femme lui avait inculqué tout son savoir avant de partir vers un autre monde, plus bleu, plus intense où les poèmes s’incarnaient. Cerise vécut alors dans l’attente d’un fait exceptionnel qui la rendrait au monde lumineux qui l’attendait. Et cela arriva, grâce au chant des rossignols. Décidée à conquérir une raison de vivre, Cerise se vêtit de laine, se chaussa de bottines fourrées et suivit la route du chant céleste.
Après plusieurs jours de marche, ses provisions étant épuisées, elle pénétra dans un bois et se nourrit des fruits de la nature. Elle demanda le gîte et le couvert en découvrant enfin une maison de briques roses incrustées de pierres précieuses qui flamboyaient au soleil. L’hôtesse des lieux semblait une divinité tant sa beauté était hors du temps. Des fleurs ornaient ses cheveux et tous ses mouvements étaient gracieux et empreints de poésie.
On servit à Cerise un excellent repas, une tourte aux champignons, des rouelles de veau à la crème et un Saint Honoré magistral.
Puis Cerise fut conduite dans ses appartements spacieux et dotés d’un superbe mobilier.
Une dame d’atour l’aida à préparer sa toilette de nuit et elle revêtit une somptueuse chemise si ouvragée qu’elle semblait être une œuvre d’art.
Elle s’endormit et ne vit pas un rossignol s’introduire dans la chambre et se poser délicatement sur l’oreiller, près de ses boucles.
Le lendemain, on lui présenta un visiteur, le prince Nightingale. Il s’agissait naturellement du roi des rossignols et il était venu du bout du monde pour trouver sa princesse, Cerise la bien nommée car ses lèvres en forme de cœur attendaient ses baisers.

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