jeudi 7 mai 2015

Adieu, mon cœur, adieu ma mie






« Adieu, mon cœur, adieu, ma mie »  Ces mots que je redoutais tant d’entendre me sont parvenus dans un chapelet aux grains de cristal. Chaque grain contenait une lettre pour former ce cruel message. Certes je m’y attendais. Lorsqu’il m’était revenu, mon prince, mon roi, il était si méconnaissable que seule, sa bague m’avait servi à l’identifier.
Après m’être soigneusement préparée et parfumée, je m’étais glissée à ses côtés dans le grand lit nuptial, et j’avais simplement posé mes lèvres sur les siennes mais il n’y eut aucune réaction, aucune pression de son côté. Résignée, j’avais regagné ma chambre où j’avais dormi tant d’années, dans l’attente de son retour.
Le lendemain, après avoir pris connaissance du message, je me suis décidée à partir au-delà de la mer, dans un pays où fleurissent le jasmin et les orangers. J’ai enfin trouvé mon port d’attache, un grand palais de marbre blanc. Je m’y suis présentée et lorsque je l’ai vu, j’ai tout de suite su qu’il était la réincarnation de mon roi et j’ai embrassé ses genoux. Telle une sculpture de Camille Claudel, couleur ivoire aux pieds de son amant, j’ai attendu que mon prince me relève et me couronne de fleurs.
Puis j’ai vécu dans son ombre mais parfois il me venait des messages d’au-delà des mers sous la forme d’oiseaux.
Le jour où un aigle se posa sur mon balcon, je compris qu’il était mort, mon valeureux chevalier, mon roi à la plume occitane et j’ai pleuré.

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