« Adieu,
mon cœur, adieu, ma mie » Ces mots que je redoutais tant d’entendre
me sont parvenus dans un chapelet aux grains de cristal. Chaque grain contenait
une lettre pour former ce cruel message. Certes je m’y attendais. Lorsqu’il m’était
revenu, mon prince, mon roi, il était si méconnaissable que seule, sa bague m’avait
servi à l’identifier.
Après
m’être soigneusement préparée et parfumée, je m’étais glissée à ses côtés dans
le grand lit nuptial, et j’avais simplement posé mes lèvres sur les siennes
mais il n’y eut aucune réaction, aucune pression de son côté. Résignée, j’avais
regagné ma chambre où j’avais dormi tant d’années, dans l’attente de son
retour.
Le
lendemain, après avoir pris connaissance du message, je me suis décidée à
partir au-delà de la mer, dans un pays où fleurissent le jasmin et les orangers.
J’ai enfin trouvé mon port d’attache, un grand palais de marbre blanc. Je m’y
suis présentée et lorsque je l’ai vu, j’ai tout de suite su qu’il était la
réincarnation de mon roi et j’ai embrassé ses genoux. Telle une sculpture de
Camille Claudel, couleur ivoire aux pieds de son amant, j’ai attendu que mon
prince me relève et me couronne de fleurs.
Puis
j’ai vécu dans son ombre mais parfois il me venait des messages d’au-delà des
mers sous la forme d’oiseaux.
Le
jour où un aigle se posa sur mon balcon, je compris qu’il était mort, mon
valeureux chevalier, mon roi à la plume occitane et j’ai pleuré.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire