Les
tambours de guerre sourdent en mon cœur mais mon bien aimé parvient à me calmer
de ses belles mains ambrées.
Il
est là, il me sourit et j’abandonne une à une ces marches guerrières qui m’entrainent
dans les fondrières des vaincus.
Je
pleure les idéaux perdus, mon cœur saigne à l’évocation de ces jours brunâtres
où plongent les vaisseaux de l’honneur perdu.
Un
joueur de djembé sonne la cadence et je souffre tant que je m’abandonne dans ce
palais des Mille et Une Nuits surgi de ma mémoire avec un fol à propos.
Je
m’accroche à ses colonnes, je foule le marbre, j’écoute le chant de la
fontaine, je respire le jasmin et la fleur d’oranger, bref je renais et je
retrouve mon paradis dont tu es l’unique amant.
Écrirai-je à nouveau ?
Puisque le rêve s’est ancré dans le marbre des statues, je peux enfin me
libérer de tous ces mots qui forment un carrousel magique dans mon imaginaire.
Tu
es là, cher amour, tu es présent, je perçois ton parfum de vétiver, je caresse
ta tunique où l’or et l’argent se mêlent au coton d’Égypte et au lin.
Je
me laisse entraîner dans un univers inconnu, celui de l’amour, qu’il soit
courtois ou moderne.
Eugène
Guillevic, croisé jadis, m’a fascinée avec une bague qu’il portait au doigt, si
élégante et si fine que je n’ai pas pu m’en détourner. Elle était si étrangère
à sa poésie faite de menhirs que j’y ai vu une faille, celui de l’éternel petit
garçon que sa mère rejetait, jusqu’à lui faire croire qu’il venait de l’assistance
publique et qu’elle simulait d’envoyer une lettre pour que cette institution le
reprenne car elle le trouvait si laid.
Il
m’écrivait des lettres en m’appelant « Madame amie » à l’encre
turquoise et ses mots resplendissaient en moi comme des pierres précieuses
trouvées dans les remous des rivières de Brocéliande.
Mais aujourd’hui, je
veux être jeune, même si le temps ne plaide pas en ma faveur, alors mon bel
amour, mon amant, mon mari, je t’embrasse avec la ferveur retrouvée de mes vingt
ans.
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